Chaleur... Lumière...odeur de sable et de sel... et de ces épices qui ornent les rassemblements de Caravanes Marchandes. Le dernier espace peuplé avant le grand Désert du Sud fourmillait comme jamais et les corps recouverts du tissu pour se protéger du soleil semblaient tous courir dans tout sens comme si le sable leur brûlait les pieds.
Drakkon regardait l’endroit comme un gosse émerveillé, lorgnant les étals regorgeant de couleurs comme si cela pouvait lui faire apprendre des choses sur ce peuple.
Il dominait d’une bonne tête tout ce petit monde et il était quasi impossible pour lui d'évoluer discrètement au milieu de ce peuple qu’il avait jadis considéré comme un ennemi.
Les esclaves évoluaient au milieu des libres dans une certaine oisiveté, les filles en soies scintillantes attirant le regard par le soin qu’elles mettaient dans leur tenue et leur apparence.
Le choc viendra de la présence d’esclaves mâles .. Les Hommes du Nord avaient beaucoup de difficultés avec cette notion... Un homme déchu était empalé ou exécuté pour mourir dans l’honneur et il était impensable que son genou puisse se poser à Terre dans la soumission... Et pourtant... autour de lui évoluaient des hommes portant le collier. le torse dénudé sur un Kief au milieu du pectoral, des chaînes reliant les jambes et des frocs coupés au milieu des cuisses. L’attention des Tahariens revenaient précisément sur le visage étranger Torvi qui les observait comme des bêtes curieuses, cette mâchoire carrée et ce visage marqué de cicatrices qui lui donnait un air inquiétant et un air visiblement étranger.
Il recherchera désespérément des femmes libres et ne verra pas le début de commencement d’un voile de dissimulation... comme si ces hommes du Sud ne vivaient qu’entre mâles et entourés d’esclaves des deux sexes.
L’appel de la main de son hôte fut l’annonce d’un nouveau mouvement. Il était temps pour eux de commencer le long voyage qui les emmèneraient dans ce que Trauma Fabric appelait « la cité du Sel ». Bizarrement, le regard de son ami brillait quand il vantait sa beauté et sa richesse... et cette particularité qu’il gardait secrète et qui semblait l’exciter au plus haut point.
Le Torvi découvrit leur moyen de transport... Kaiilas alignés et Caravane attelée à ces bêtes particulièrement résistantes à la chaleur.
Il n’était pas très bon cavalier et la monture le sentit dès le premier mouvement. Le départ de la traversée se fit dans la bonne humeur. Il était naturellement bavard et avide de poser des questions, son hôte pourtant très sérieux semblait se dérider à la présence de cet ennemi qu’il avait accepté dans son clan. C’était comme si le jeune guerrier trahit apportait enfin ce qui avait toujours manqué à l’homme de Guerre : Un Fils.
Trauma l’avait pris sous son aile dès la première seconde et cet homme si dur du Sud s’était transformé à la présence du jeune guerrier du Nord. Moins froid, moins distant, on le voyait rire et s'amuser, on le voyait oublier la guerre pour savourer enfin la présence d'un vrai complice. Ils avaient passé une bonne partie de leurs soirées ensemble à discuter de tout et de rien. Le torvi avait acquis la langue du Tahari auprès de son hôte, apprenant leurs coutumes par l’intermédiaire de ses histoires et découvrant la magie du Sud et de leur façon de vivre. Captivé par les récits, son envie avait été décuplée par les légendes et le mode de vie de ses anciens ennemis, chaque coutume appelant un rituel qu'il avait presque hâte de découvrir. Il avait été également très marqué par le visage de cet homme qui était devenu son protecteur. Celui-ci portait sur chaque haut des pommettes une sorte de brûlure teintée de charbon pour matérialiser son appartenance à sa Tribe et à sa cité. C’était une sorte de rituel que Drakkon avait questionné avec attention, le sheik lui parlant de cette tradition de se marquer le visage du symbole de son peuple : les Tashids et de sa maison pour figer dans le temps et sur ses traits ses origines. L’anecdote restera figée dans l’esprit de Drakkon et lui montrera l’attachement de ces hommes à leur maison et leurs traditions... peut-être aussi parce que lui n'avait plus d'attache...
Ils avançaient dans une évidente complicité quand... chaque Ehns faisait perdre en bavardage l’homme du Nord... la soif le gagnant... et ce mal de cul obligatoire à tout cavalier qui a surestimé la résistance de son arrière train à une selle agitée.
L’agonie d’une chevauchée inconfortable commença pour lui... mélange de souffrance par la chaleur et la soif... et cette lumière aveuglante qui rendait chaque dune semblable à sa voisine .
Il commençait à se demander si le guide connaissait le chemin qui menait au bout de Gor... et il se voûtait de plus en plus sur un Kaiila qui partageait sa fatigue.
Trauma lui avait dit en riant « La cité du Sel se mérite ! » et il comprenait désormais toute l’ironie de ses mots... cet effort contre les éléments que demandait le simple passage jusqu’à ses portes.
Le chemin qu’ils avaient emprunté était désormais masqué par le soulèvement omniprésent de sable... leurs traces désormais invisibles avaient disparus sous le souffle régulier du désert comme s’il cherchait à perdre ses hommes à tout jamais.
Klima... était le bout du monde... et à cet instant... il n’aurait pas parié un Tarsk de la voir un jour.